Mon ami l’antivaxx
Mon ami l’antivaxx
J’ai publié une critique cinglante de l’islam, comme doctrine. L’écologisme, nouveau totalitarisme montre la nature selon moi proprement totalitaire de l’écologisme, comme idéologie politique. Le wokisme néo-raciste, qui ne mérite pas même le nom de doctrine, et tient davantage du cri primal, n’a pas échappé au champ il est vrai assez large de mon intérêt.
Ces critiques m’ont valu quelques inimitiés, sans doute. Mais finalement peu de menaces. Il est vrai que si je m’autorise, parfois, une once d’humour, un doigt d’ironie, une esquisse de sourire, je veille à ne pas m’affranchir de l’obligation d’argumentation rationnelle.
La critique, j’en suis donc coutumier et ‘je sais là contre’ comme on dit à Bruxelles. Toutefois, jamais, au grand jamais, je n’avais été confronté à ce mixte fabuleux de bêtise au front de taureau, et de haine, que me vaut la critique rationnelle, depuis trois ans, des théories de la communauté anti-vaccins COVID — ou antivaxx, comme ils aiment à se définir. On me taxe de complicité de génocide, d’être vendu à Pfizer, et ‘ton heure viendra, traître !’ Charmant !
La ferveur de cette haine nous détournera-t-elle de notre devoir de critique rationnelle ? Que du contraire : il nous faut redoubler d’ardeur. La raison est, après tout, ce qui nous distingue du babouin. Alors, refusons fermement de babouiner et contemplons ces joyaux sans lequel jamais un raisonnement probant ne sera serti : les faits, ou les faits comme dirait Charles Gave.
La dernière prétention en date de la communauté antivaxx — reconnaissons-leur l’appellation qu’ils revendiquent — est que nous sommes entrés dans une phase de génocide mondial, causée, mais vous l’aviez deviné, pas les vaccins COVID.
L’antivaxx a ceci de distinctif qu’il raisonne peu par agrégats et synthèses, davantage en brandissant des cas, les plus frappants et croustillants possible. C’était récemment un assureur qui venait expliquer sur le plateau de cet excellent Tucker Carlson que ‘les morts par vaccins COVID aux États-Unis sont la plus grande scène de crime de tous les temps’ avec une augmentation de 40% par comparaison avec la situation avant la pandémie. Est également brandi le cas de la Nouvelle-Zélande, sur le mode ‘mais qu’est-ce qui peut bien causer tous ces morts’ (sous-entendu, mais Pfizer bien entendu ! En effet Pfizer, est le ‘préféré’ des antivaxx, on ne sait pas pourquoi) :
Des vaccins-tueurs, mais c’est bien sûr ! Dans l’esprit de l’antivaxx, le virus chinois n’a jamais été un problème, tout juste une ‘grippette’. Le problème, ce sont les vaccins, ce nouvel Ebola.
Équipé de ma pipe et de mon chapeau Sherlock Holmes, je me mis aussitôt en devoir de confirmer cet affreux constat — le génocide par Pfizer de ses clients — en relevant tristement les mêmes chiffres et tendances dans les autres pays vaccinés.
En effet, les mêmes causes produisant les mêmes effets sur des populations démographiquement semblables, si le vaccin tue, massacre et génocide aux USA et chez les Kiwis, les mêmes vaccins ne peuvent pas ne pas tuer, massacrer et génocider dans des pays tout aussi massivement vaccinés, voire bien davantage.
Commençons dès lors cet affreux pèlerinage sépulcral par la Suède :
Si la surmortalité par COVID apparaît bel et bien (2020), curieusement les fameux vaccins tueurs semblent n’avoir pas génocidé les Suédois (pourtant massivement vaccinés, contrairement à l’image d’Epinal que s’en font les antivaxx). En effet, l’augmentation de 40% alléguée ci avant aurait dû se matérialiser par une augmentation de +36000 sur 2019, pour un total de 126.000 décès. On ne constate rien de tel, ni même d’approchant. Probablement une erreur du gouvernement suédois (ou un complot reptilien).
Tournons-nous dès lors vers les fameux Belges :
Stupeur ! La tendance est exactement la même qu’en Suède : surmortalité par COVID, absence totale de génocide par vaccins-tueurs (actionnés à distance par Bill Gates qui a toujours secrètement rêvé de connaître les pensées intimes de Mme Michu). Sherlock en jette son célèbre couvre-chef à terre : c’est à n’y plus rien comprendre !
En désespoir de cause, on se tourne donc naturellement vers la France :
Il est bien sûr exclu d’émettre la moindre note d’ironie ou sarcasme : l’antivaxx se sent personnellement injurié par une statistique discordante.
Mais force est de reconnaître qu’une cause qui ne produit pas les mêmes effets dans des pays comparables, et qui ‘cause’ dans certains pays, mais pas d’autres, est à la notion de causalité ce que Bozo-le-Clown est à la physique quantique.
Mais, chut ! N’allez pas dire que je vous l’ai dit, sinon on va encore vouloir m’envoyer à Nuremberg:
Drieu Godefridi, PhD Sorbonne
